Le grondement du tonnerre résonne longuement dans les oreilles du jeune félin noir. Il lève la tête vers le ciel gris, ferme les yeux. La pluie ne tardera pas, elle tombera très prochainement. Son sourire s'étend tandis qu'il pense à l'orage qui arrive. L'orage, surprenant, violent, grondant, il lui a donné son nom et il l'aime de tout son cœur.
Une petite goutte tombe sur son visage, coulant ensuite le long de ce dernier, telle une larme. Des larmes, il n'y en a jamais eu sur son visage auparavant. Les épreuves de la vie ont eu beau l'affecter, jamais il n'a pleuré ; il n'en a tout simplement pas ressenti la nécessité. Et de toute manière, les pleurs sont pour les faibles.
Il s'est réveillé mélancolique ce matin, et les souvenirs affluent dans ses yeux. Il ne veut pas d'eux mais ne peut rien faire pour les empêcher de venir. Doucement, il entreprend de laver son pelage afin de le rendre plus brillant, sachant pourtant que la pluie détruira son travail. Le jeune guerrier gémit lorsque l'image de sa sœur remonte. Ses griffes s'enfoncent dans la terre avec violence, il se sent en colère tout à coup. Il se lève brutalement et c'est presque en courant qu'il sort du camp de son clan, ne souhaitant pas qu'on le voie ainsi. Sa fierté, son orgueil. C'est dur parfois d'être un mâle... Dehors, il n'y a personne, contrairement au camp qui est bondé. Il peut enfin respirer. La pluie se fait de plus en plus forte et son pelage est vite trempé. Il devrait rentrer au camp mais la colère est toujours là, il ne sait même pas pourquoi ; il décide de marcher un peu dans la pinède, cherchant à se calmer. Alors il avance à pas rapides se concentrant sur ses pas afin de ne pas voir les souvenirs qui l'assaillent.
L'odeur d'un intrus le tire soudainement de son comptage de pas. Il s'arrête et se met directement en position de combat, vif comme il est. Lentement, il avance en direction de la source de cette odeur ; un solitaire ou plutôt une solitaire. Il sort les crocs et les griffes, prêt à se battre pour éloigner cette intruse de son territoire où elle n'a rien à faire. Néanmoins, alors qu'il s'apprête à bondir, la femelle tourne son regard vers lui.
—
Petite Libellule... murmure-t-il, pour lui-même.
Les yeux de cette solitaire sont exactement comme ceux de sa sœur, ou du moins comme dans son souvenir. Il ne peut plus bouger, tout simplement paralysé par cette apparition à laquelle il ne s'attendait pas.
— [color=#4C1B1B]Qu'est-ce que tu fous là ? Où étais-tu ?
Il a l'impression que ces mots sortent d'une bouche autre que la sienne, son cerveau ne répondant pas à de simples requêtes. Et puis ce pelage, c'est le même, ce gris avec quelques tâches blanches... Mais comment est-ce possible ? Libellule n'était pas mort comme on le lui avait dit, elle avait été exclue du clan ? Où était-ce de son plein gré ?
L'esprit bourdonnant de question, Orage attend.